Avec Lou, nous sommes descendues dans le jardin. Le ciel de cette fin d'après-midi était clément. Un petit vent frai jouait avec ses cheveux. La terre était humide de la  pluie de ses derniers jours. Les fanes de carotte, d'un joli vert tendre, éclairaient le sol sombre et lourd. 

Depuis le temps que Lou vouleit les déterrer ! Elle s'en est donnée à coeur joie. Exultant à chaque nouvelle carotte... Plutôt, petites... Mais, le plaisir de voir ma fille les déterrer ! 

Les éplucher... ce fut une autre affaire...

Qu'est ce que le bonheur ?

Question centrale de l'existence... On court tous après le bonheur, mais pas de la même façon.

Certains recherchent le plaisir. L'étourdissement, l'accumulation de sensations plaisantes; parfois même jusqu'à la destruction de leur propre existence. 

D'autres comptent atteindre le bonheur dans l'oubli de soi. Ils consacrent leur vie aux autres, altruistes jusqu'au bout des ongles.

Parfois, on cherche le bonheur dans la contemplation, l'art, la nature... Attentif aux sensations, aux émotions qui en découlent...

D'autres encore, nombreux dans la société actuelle, imaginent que le bonheur s'achète. Leur vie est une course à l'argent. 

Chacun sa réponse, ses réponses...

Mais, y a t'il une seule façon d'être heureux ? Cette façon dépend elle de la nature et des prédispositions de chacun ? Et comment conjuguer bonheur et évènement de vie douloureux, tel que le deuil d'êtres chers ? Etre heureux dépend t'il de conditions extérieures ou de la façon dont on appréhende la vie ?

Plus de questions que de réponses... 

Jourée off aujourd'hui. Du temps avec les enfants, chansons, jeux, échanges... Les heures se sont égrainées doucement et tendrement. Pas de course. Je me suis installée avec eux dans le présent, comme une évidence.

Quand mon mari est rentré ce soir, après sa longue journée de travail, je suis restée dans ce tempo. Le temps du repas, du rituel du coucher des enfants, nous avons savouré ensemble ces moments. Partageant ces petits riens, j'ai ressenti ce bonheur d'être avec lui, cette connivence qui nous fait nous comprendre sans même une parole. Cette famille, que nous avons construite, bon an mal an, ensemble. Sa présence rassurante quand parfois plus rien ne semble aller. J'ai par moment l'impression qu'il fait parti de moi. D'autres fois, il me surprend comme si nous venions de nous rencontrer. Une parole, une attitude, une attention imprévue, inattendue, qui me touche... 

Et ce soir... Pour tout ça, je me suis dis que j'avais de la chance...

Aujourd'hui, formation. Etrange de se retrouver à nouveau sur les bancs de l'école...

Les cours se passent, plus ou moins intéressants. L'attention fluctue, entre intérêt et ennui. Puis vient la mise en pratique. L'ennui s'efface en une fraction de seconde. Le stress monte. La sensation pesante du regard des autres, l'impression de jugement; tout concours a une impression diffuse de malaise. L'action arrive enfin, canalisant cette anxiété en force construtrice. Tout se passe bien. Ouf.

Plaisir de l'épreuve accomplie. Soulagement aussi. Amusant de voir comme les habitudes d'élève reviennent vite...